Retour au bercail

Ça fait maintenant un mois que je dors dans une maison. Ça fait maintenant un mois que je peux manger des repas chaud tous les jours. Ça fait maintenant un mois que je peux avoir accès à l'électricité et à un ordinateur du bout des doigts. Mais mon sac de couchage me manque. Ma tente salle me manque. Me réveiller le matin avec une brise d'air frais qui me chatouille le nez me manque. Traverser un nouveau village à vélo me manque. Visiter une nouvelle épicerie et y découvrir les produits locaux me manque. Ressentir l'excitation de franchir la frontière vers un pays qui nous est inconnu me manque énormément. J'ai réalisé mon rêve. C'est triste en même temps de se rendre compte qu'après avoir achevé son rêve, il y a un vide à combler. Quelle est ma prochaine destination? Sur quel continent je pédalerai? Et la grosse question, quand? Je ne sais pas encore mais il est sûre et certain que je retournerai sur la route avec mon vélo et mes bagages. Direction inconnue, temps incertain. Courage.

Arrivée à Paris, France

Dimanche matin le 11 octobre, je me réveille au beau milieu d'un sous-bois à quelques dizaines de kilomètres de Paris. Comme à chaque matin dans ma tente, il me prend un petit instant pour réaliser où je suis. Recouvert jusqu'au coup dans mon sac de couchage, je suis trop à l'aise dans ce petit confort rudimentaire. Et pour la dernière fois, je décide de sortir de mon cocon et de plier sac à couchage et oreiller. J'ai répété les mêmes gestes durant tout l'été et ce matin j'ai l'impression que c'est maintenant rendu un réflexe de plier, comprimer et ranger mon sac de couchage, de passer au vestiaire enfiler mes vêtements de cycliste, de sortir mes bagages à l'extérieur, de plier, ranger ma tente dans son sac et finalement de tout placer sur ma monture. Top chrono à 30 minutes et il est 8h50. Pour dire qu'au début cela me prenait un bon 1h30 à tout ranger et être prêt à partir. Je déplie ma carte et je mets en marche mon GPS pour bien confirmer la route planifiée la veille avant de m'endormir.



Je suis prêt à partir. Je jette un dernier coup d'oeil où j'ai campé pour m'assurer que j'ai rien oublié et de n'avoir laissé aucun déchet. On peut facilement apercevoir l'herbe et la végétation écrasée par la présence de mon passage. Je sors de ma cachette avec discrétion et ça y est, une autre journée sur la route et la dernière de mon voyage autour de l'Europe. Il fait gris et il y a un léger brouillard à l'horizon. Tout est calme en ce dimanche matin. Le silence est percé par les chants des coqs des fermes avoisinantes. Quelques voitures me dépassent lentement, comme des milliers d'autres au courant des derniers mois. Je pense à me réapprovisionner en eau et en nourriture fraîche. A peine 10 km de fait, je traverse le jolie village de Verberie et je pose mon vélo contre le mur extérieur d'une boulangerie pour acheter mon péché mignon (pain au chocolat ou aussi nommé chocolatine) et une baguette. De l'autre côté de la rue, une charcuterie m'attire et j'y achète saucisson artisanal ainsi que deux quiches pour dîner. Je comme la discussion avec le boucher et je lui demande le meilleur chemin pour me rendre à ma destination finale. Un autre client entre dans l'établissement et le boucher dit tout fort à celui-ci: "Ce monsieur vient du Québec et il en est à sa dernière étape du tour d'Europe!". Je ne l'avais pas vue ainsi que on voyage pouvait être une succession d'étapes mais ça me plait bien.

Plus mon compteur accumule les kilomètres, plus les arbres et la végétation se font rare et laissent place aux immeubles et aux structure en béton. C'est signe que j'approche de la ville lumière. Je zigzag à travers une circulation relativement calme et je réussi en milieu d'après-midi d'arriver au pied de la tour Eiffel. Mission accomplie! J'ai réalisé mon rêve: faire à vélo le tour des plus grandes villes, des plus beaux paysages et villages d'Europe. Je prends une dernière gorgée dans ma gourde "Isolated Ice" et je me dégourdi les mollets. Je retire mon casque de vélo et je regarde autour de moi. Plusieurs touristes déambulent sur Champs-de-Mars armées de leur guide et de leur caméra. Moi je suis là au milieu, essayant de contenir ma joie et déçu de ne pas partager ce moment spécial avec quelqu'un. J'interpelle un inconnu et je lui demande s'il peut me prendre en photo avec la tour de fer pour immortaliser ce moment. Il ne sait pas à quel point cette photo sera importante pour moi.

Présentement je suis chez une amie. J'ai donc quelques jours avant mon avion de visiter la ville de Paris et de préparer mes bagages pour mon prochain voyage, celui de la vie normale.




Prologue, statistiques et faits divers à venir...

Binche, Belgique

Bon, où j'en suis? Où vais-je? Je vais tenter de répondre à toutes ces questions. Mais auparavant, il faut que je vous parle de Berlin, du Danemark, des Pays-Bas et de la Belgique.

Berlin, ville moderne

Lorsque j'ai quitté la République Tchèque, je suis retourné de nouveau en Allemagne à travers les montagnes séparants ces deux pays. Berlin c'est une grosse ville mais heureusement qu'il existe un bon réseau cyclable pour y circuler jusqu'à son centre. Au moment d'arriver à la fameuse porte de Brandebourg, la police est arrivée vider la place car l'ambassadeur de la Macédoine arrivait dans un cortège impressionnant de policiers. J'en ai profité pour poser devant cette porte et discuter avec deux québécois que j'ai croisé par hazard. Je me suis permi de rester un jour de plus à Berlin pour visiter un peu car la ville me fascine par ses bâtiments et sa riche histoire. La chute du mur de Berlin est très présent dans les différentes expositions à l'extérieur. Il y a même une piste cyclable qui fait le tour de la fondation des murs. On peut même apercevoir au sol une ligne en pierre indiquant l'ancienne présence du mur. Cette ligne traverse trottoires, rues et parcs à travers la ville. Il existe encore une petite section du mur qui a été conservée et il est possible de marcher à côté. Il est même possible d'acheter des morceaux de l'ancien mur... Un mec à Bremen m'a raconté que c'est un gars de Berlin qui a acheté le béton du mur et il a peinturé ce béton (car ce n'est pas toutes les sections du mur qui avaient des graffitis dessus). Il a fait fortune en revendant de vrais pièce en béton du mur avec une apparence de couleur. Il faut avoir le sens de la business.

Je suis allé visiter le Bundestag qui est le parlement de l'Allemagne avec le gros dôme en verre. L'entrée est gratuite et le bâtiment est très imposant. Il est possible de marcher en spiral dans le dôme et d'avoir une superbe vue 360 degrés sur la ville. Pour patienter dans la file d'attente, le personnel nous offre un guide en différentes langues qui nous explique le fonctionnement du gouvernement Allemand.

Danemark

J'ai pas trop trainé en Allemagne et j'ai pris un traversier à Rostock pour traverser la mer en direction du Danemark. Je m'attendais à des températures plus froides mais au contraire, la température était clémente. J'ai eu une surprise en apprenant que le Danemark utilise les couronnes danoises et non l'€uro. De ce fait, tout est plus cher et par exemple, un pain normal coûte 4 dollars canadien. Vraiment fou. Je suis resté une journée à Copenhague et j'ai bien aimé comme ville. C'est pas très gros comme ville et les danois sont les champions des pistes cyclables. J'ai roulé 95% du temps sur ces voies réservées aux cyclistes à travers le pays alors pas trop de soucis niveau sécurité. Les chemins sont super bien indiqués même si on ne possède pas de carte. Les vélos avec lesquels les gens roulent ne sont toujours pas dans un bon état mais en autant que tu puisses freiner et rouler dessus, c'est ça l'important. Autant je voyais en Espagne ou Portugal des cyclistes sportifs et personnes en vélo dans la ville, au Danemark c'est le contraire. Les gens utilisent le vélo comme moyen de transport plus tôt que de façon récréatif.

Pays-Bas

C'est plat. La plus grosse montagne que j'ai fait montait jusqu'à 100 mètres pis je m'en suis même pas rendu compte. Là aussi le réseau de pistes cyclables est très bien développé et il est fréquent de voir qu'il est interdit de rouler sur des routes avec un trafic plus élevé. Je suis resté une journée complète à Amsterdam. Oui ça sens l'herbe dans les petites rues pis il y a des coffeeshops à tous les coins de rues. J'ai jamais vue autant de vélos dans une ville! Il y a des stationnements intérieurs pour ceux-ci et vraiment tous le monde utilisent le vélo. Je crois que la ville veut peu à peu sortir la voiture de la ville, ce qui est une bonne chose en soit. J'ai bien aimé rouler à travers les champs et les canaux bien à l'abri du trafic sur de petites routes.

Belgique

Cela ne fait qu'à peine deux jours que je suis en Belgique mais j'ai déjà dégusté trois différentes bières et j'ai goûté à du chocolat dans un marché public. Il ne me reste plus qu'à goûter aux fameuses frites et aux gaufres!

Le reste de mon voyage

Grosse nouvelle: je retourne au Québec le 17 octobre prochain à partir de Paris. Pourquoi ne pas continuer? Et bien j'ai réalisé dans les derniers jours que tout ce que je voulais voir en Europe je l'ai vue. J'ai roulé dans tous les endroits que je m'imaginais et je suis satisfait de ce que j'ai accompli. De plus, il fait de plus en plus froid la nuit dans ma tente malgré que je suis bien habillé. Cela fait 12000km depuis Québec, 154 jours depuis mon départ le 8 mai dernier. Je suis prêt à retourner voir mes proches, débuter la vie "normale" et rêver à mes prochaines destinations. Et oui, je pense déjà aux prochains coups de pédales qui me mèneront à quelque part sur cette planète.

Une histoire à suivre...

Ah oui, merci à mon amie Isabel qui a écrit un article sur mon voyage en vélo dans un journal local en Allemagne. Pour le lire, c'est par ici.